BOUZIN !

Un Deux Trois Quatre

Je voudrais pas crever, sans me jouer des peurs En mon ventre lové, sans aller bazarder Tout les qu'en-dira-t-on sur le port du Kermeur Je voudrais pas que l'heure précédent l'envolée Soit une heure sans diction, qu'il reste la lueur Je voudrais pas crever sans un brin d'espérance Sans me dire que les lendemains useront bouche et cœur Useront le pavé, jetteront l'indifférence Je voudrais que l'on danse, qu'on oublie la tristesse S'embrasant de tendresse en mémoire de nos morts Je voudrais que dès lors s'envolent les partitions Que la vie s'improvise de corps et de passions Je voudrais pas crever sans te dire que je t'aime Tout autant que je hais la haine et les bastons Moi je voudrais crever te récitant des poèmes Pas de Baudelaire ou Verlaine, non mes propres chansons Sur le bord d'un trottoir, un matin de marché Si possible en été, à l'ombre d'une maison Je voudrais pas crever sans comprendre ton cœur Sans les rires en musique à la table des fous À quatre heure du matin, enfumé, en sueur S'agrippant au désir, accélérant ton pouls Je voudrais pas crever parce que demain j'en rêve Que l'instant je le bouffe et qu'hier est à nous Je voudrais pas crever sans que s'usent nos lèvres Sur le bord de la grève, à Paris, Katmandou Je voudrais pas crever parce que putain je t'aime Parce qu'il reste du vin, que la peau de nos genoux Mérite quelques gamelles avant de finir au trou Je voudrais pas crever, je voudrais pas, c'est tout En tout cas pas toute suite, je veux finir cette chanson Et réciter des vers avant d'en voir le fond M'enivrer de musique avant de prendre le large Je le veux tout entier cet étrange voyage Je voudrais des histoires, des radeaux d'infortune Et des nuits à crier tout nos rêves sous les ponts Nos chaussures à bascule vogueront sur le bitume Et braillant quelques rimes sans la moindre illusion On s'répètera encore qu'on voudrait pas crever Sans connaître l'amour, le grand, qu'on a pas vu Ou bien juste aperçu, qui s'est quand même barré Sans même nous faire salut, on avait bien trop bu Je voudrais des histoires, alors j'en fais, c'est tout Des tarabiscotées qui sortent un peu des clous Plein d'Léon du Coteaux qui font de l'accordéon Plein de tendresse et de potos qu'ont presque pas de maison Je voudrais pas qu'on crève, ni qu'la nuit se termine Alors elle fera grève du sommeil ma trombine Afin de se délecter du soleil au matin Qui caresse ta peau, qui copie sur mes mains